Donc un matin, je me suis réveillée en me disant que j’allais devenir arbitre au sein de la Fédération Française de Tir sportif et vous connaissez la suite ! …. en fait, la réalité diverge quelque peu.
Saviez-vous que depuis plusieurs années , dans toutes les compétitions dans lesquelles des tireurs de l’ ASTIC se présentaient, la fédération départementale facturait une »taxe » forfaitaire de 10 euros par tireur dans la mesure où notre club ne comptait aucun arbitre parmi ses adhérents.
L’ancien président a donc lancé un appel basé sur le volontariat auprès des licenciés, pour suivre la formation d’arbitre départemental. Nous partîmes 3 en août 2024 et nous arrivâmes 1 en octobre 2025. C’est à dire UNE , moi la seule à avoir bouclé les 14 mois de formation, comprenant des rendez-vous mensuels , des suivis de compétitions et un examen final.
Aujourd’hui je suis arbitre départementale, ce qui me permet d’exercer ces fonctions au niveau de la Vendée et de toute la Ligue , c’est à dire dans les 5 départements de la Région des Pays de la Loire. Je pense que nous sommes environ 50 arbitres sur l’ensemble de ce territoire. Nous sommes tous bénévoles , la seule obligation vis-à-vis de la Ligue Régionale est d’arbitrer chaque année au moins dans 2 championnats.
Où et quand : sur invitation individuelle de la Ligue organisatrice des compétitions. En acceptant de rejoindre une compétition, l’arbitre s’engage à être présent sur toute la durée des épreuves sportives.
A Saint Jean-de-Monts pour les régionaux, j’étais arbitre de travée (avec la surveillance de 10 postes), c’est un arbitre régional qui encadre l’arbitrage comme chef de pas de tir, il a autorité sur les arbitres départementaux.
En cas de doute sur un fait ponctuel qui survient : l’arbitre de travée fait intervenir le chef de pas de tir, qui lui même éventuellement en dernier recours demande l’avis du responsable régional des arbitres, ou en son absence celui du responsable départemental des arbitres.
Notre mission d’arbitrage est précise et très cadrée, son objectif premier est d’aider au bon déroulement de chaque épreuve. Toutes nos interventions auprès des tireurs vont dans ce sens, en veillant bien pour autant à ne jamais »coacher » un sportif, ce qui pourrait donner lieu à une interprétation partisane de notre action. L’arbitre reste neutre devant la qualité des prestations de chacun, quoi que fasse un compétiteur, tant qu’il respecte 100% des règles sportives imposées à tous.
Avant de passer à la séance de tir, les arbitres valident la conformité des armes et des tireurs. Toutes les armes sont introduites dans un gabarit pour en vérifier les différentes dimensions, on doit confirmer l’absence d’organes de visée grossissants, on pèse le poids de départ de la queue de détente des pistolets.
A noter qu’à chaque fin de série, les armes de 3 tireurs sont appelées au contrôle de manière aléatoire : si soucis de non conformité , c’est la disqualification immédiate (c’est très rare)
Les tireurs font aussi l’objet de toute notre attention au niveau des équipements (tenue, chaussures , bracelets autorisés ou non autorisés , … ) et pendant les tirs : positionnement réglementaire , respect de la ligne , comportement sportif vis à vis des autres , conséquences de gènes involontaires ou parfois volontaires.
Le rôle d’observateur de l’arbitre est absolument permanent car tout peut arriver à n’importe quel moment. Prenons l’exemple de l’incident de tir, toujours possible , et bien c’est l’arbitre qui doit immédiatement intervenir, le tireur n’ayant plus l’autorisation de manipuler son arme.
Il m’est compliqué de lister toute la réglementation en quelques lignes car les manuels techniques des règles et des consignes de l’arbitrage font plus de 500 pages, mais c’est justement pour la diversité de tous ces aspects et des missions qui lui incombent que je trouve l’arbitrage aussi passionnant et essentiel car au bénéfice de tous. Lien vers FFTir_réglementation_arbitrage
J’apprécie les multiples affectations possibles aux 10 m comme aux 25 m.
Un exemple, celui de responsable de la ciblerie : l’examen des cibles cartons demande un niveau d’expertise permanent, il arrive que certains fassent du tir croisé sur la cible du voisin et lorsque que des pastilles se décollent, la lecture des impacts devient vraiment minutieuse, et les tireurs comptent alors sur l’arbitre pour dénouer la situation.
Cas survenu très récemment lors des championnats régionaux de St Jean-de-Monts : la casse du levier d’armement d’une carabine d’un compétiteur au 6ième plomb sur 60 de prévus. Sans arme de rechange pour poursuivre immédiatement sa série, nous avons pris collégialement la décision de permettre au tireur de participer à la suivante , avec une arme de prêt. Cet exemple montre bien toute l’adaptabilité de l’arbitrage selon les circonstances , il est évident sans autre série à suivre , que la compétition se terminait là pour ce sportif.
Autre fait : suite à une interrogation sur le bon fonctionnement d’une cible , l’arbitrage a déplacé le tireur sur un poste de réserve. Pour information , c’est la Ligue régionale qui apporte et installe tout le matériel.

A Saint Jean-de-Monts cela représentait 56 postes individuels + 6 postes de vitesse + 4 postes arbalète match
L’aspect pédagogique de l’encadrement de l’arbitre vis-à-vis des plus jeunes est un rôle qui me satisfait pleinement. C’est notre mission d’accompagner au mieux les nouvelles générations dans ce sport (avec sa multitude de règles) dont ils sont l’avenir : chaque grand a commencé petit , ne l’oublions surtout pas.
D’autres aspects moins sportifs relèvent aussi de l’arbitrage : les réclamations , les contestations, les éventuels conflits comportementaux qui doivent être instruits et solutionnés in situ immédiatement par le jury technique. En cas d’appel c’est le jury d’appel qui statue au final.
Concernant le dopage, les stupéfiants et l’alcoolémie, l’arbitrage n’est pas la seule forme de surveillance possible . Il est du devoir de l’ensemble de notre communauté sportive d ‘être en permanence vigilante : il en va de la sécurité de tous aussi bien en compétition que lors des entraînements au quotidien dans son propre club. La réglementation nationale autorise des contrôles aléatoires ou ciblés à tous moments et toute l’année, même en dehors des compétitions.
Pour moi le futur c’est dès 2026 avec la formation d’arbitre para-tir WSPS , car j’ai l’expérience de la direction d’une association handisport , c’est un univers que je connais particulièrement et dans lequel je souhaite encore m’investir.
Puis 2027, pour passer la qualification d’arbitre régional. Je n’envisage pas le niveau national qui me demanderait encore plus de disponibilité pour des formations et de trop nombreux déplacements dans toute la France.
Je vais conclure avec ma casquette de responsable de l’école de tir de l’ASTIC , puisque toutes mes connaissances d’arbitrage me permettent de compléter au mieux la préparation de nos jeunes lors des entraînements hebdomadaires. En amont je peux les briefer parfaitement pour qu’ils puissent se présenter sur leur pas de tir en compétition, avec moins d’ interrogations, donc avec plus de confiance en soi.

Marie reçoit ce 3 décembre 2025 sous les chaleureuses acclamations de tous les licenciés présents, son diplôme d’arbitre départementale des mains de Jean-Charles DURAND représentant de la Ligue Régionale de Tir sportif, lors de l’assemblée générale annuelle de l’ASTIC.

